FETE DE LA LAÏCITE
Dimanche 4 décembre 2005

Depuis à peu près une année, le "Comité du 9 décembre 1905" prépare cette fête de la laïcité et depuis une année, notre volonté de parler et de faire parler de LAÏCITE m’ont amené - dans une alliance de circonstances - à travailler brièvement avec notre Député Maire de Bourg en Bresse ici présent.
J’ai appris à cette occasion qu’il fallait toujours commencer un discours en remerciant tous les officiels présents ou excusés.

Aujourd’hui, c’est avec une ironie certaine que je voudrais remercier un certain nombre de personnalités absentes.

Tout d’abord le Président du Conseil Général, car en refusant de soutenir nos projets, il a empêché les militants de notre association de se laisser embourgeoiser par des subventions qui n’auraient sans doute pas été plus utilisées que par les chasseurs ou les pêcheurs (au sens propre et au sens figuré).

Ensuite, l’Inspecteur d’Académie, qui, en nous laissant tout d’abord entrevoir un partenariat prometteur voire même aguichant, nous a laissé partir dans la réalisation d’un gros dossier pédagogique, mais, s’il a été perdu dans les bureaux du rectorat et de l’Académie, il n’en sera pas moins utile aux enseignants qui voudront se l’approprier.

Enfin, le représentant de l’Etat, Monsieur le Préfet, qui malgré nos nombreuses interventions a toujours sut montrer une discrétion à toute épreuve et un silence assourdissant sur le sujet.

Après ces formalités d’usage, je voudrais mesdames et messieurs, chers amis, replacer rapidement le sujet qui nous occupe dans son contexte géo-historicopolitique humoristique, rappeler brièvement mais sérieusement les actions et les objectifs du "Comité du 9 décembre 1905", et peut-être enfin, installer les premières pierres sur les fondations que nous venons de construire.

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L’évocation de la loi de Séparation des Églises et de l’État entraîne souvent la mise au singulier du mot Églises. Ceci est inexacte quant au droit, mais l’erreur est juste sur le fond ; car la loi de 1905 a achevé un processus qui, depuis l’arrivée des Républicains au pouvoir (1871), visait essentiellement à réduire le poids de l’Église catholique dans la société.
Les protestants et les juifs ont accepté sans problème d’être détachés de l’État, malgré une certaine crainte de perdre la protection due au statut de culte reconnu. Mais pour les catholiques, la Séparation était un drame : la fin d’une alliance de 1400 ans entre la France et l’Église (baptême de Clovis, 496) ; C’était le retour à la déchristianisation révolutionnaire.

Après l’insurrection, la Commune de Paris proclame la laïcité de l’enseignement. Edouard Vaillant déclare : « La commune ne prétend point froisser aucune foi religieuse mais elle a pour devoir strict de veiller à ce que l’enfant ne puisse à son tour être violenté par des affirmations que son ignorance ne lui permet de contrôler, d’accepter librement… Apprendre à l’enfant à aimer et à respecter ses semblables, lui inspirer l’amour de la justice, lui enseigner qu’il doit s’instruire en vue de l’intérêt de tous : tels sont les principes de la morale sur laquelle repose désormais l’instruction publique communale »

La laïcité, puisqu’il s’agit de la laïcité, commence avec la séparation des Églises et de l'État, qui je le précise n’est qu’un aspect de la LAÏCITE. Cette séparation est en fait l’application du principe d’une vieille tradition chrétienne : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Si cela n'avait pas été respecté jusqu’alors, c'est parce que l'Église a voulu s'asseoir à côté de César, sans doute même à la place de César. Mais a-t-elle vraiment abandonné cette ambition aujourd'hui ?


La Séparation est en germe dès 1801 quand, préservant la liberté de conscience proclamée en 1789, le Concordat déclare le catholicisme, seulement « religion de la grande majorité des Français ». La coexistence des croyances, la libre expression - de l’anticléricalisme et de l’athéisme -, la laïcisation de la vie et de l’enseignement publique y préparent les esprits.

C’est ainsi qu’une série de lois prédispose cette Séparation : Par exemple, les lois FERRY de laïcisation scolaire, la loi rétablissant le divorce, celle interdisant les prières publiques, la loi sur les associations et enfin la loi créant le monopole communal des pompes funèbres (jusqu’alors exercé par l’Église).

Il faut noter que c’est aussi une période (début du 20ème) où, dans ce contexte, la femme n’a pas encore gagné pleinement ses droits ni réalisée son émancipation : Invention du soutien-gorge en 1904, droit de vote des femmes en 1944 et invention du Bikini en 1946 (année de la première définition de la République comme "Laïque" dans la constitution de 46) …

… ni l’homme sa pleine liberté : Invention de l’aspirateur en 1901 (auparavant il fallait battre les tapis), du réfrigérateur en 1913 (pour mettre la bière au frais) et de la fermeture éclair en 1926 (je vous passe le commentaire) …

Toujours dans ce contexte, il faut rappeler que 1905 est l’année d’un certain nombre d’évènements mémorables, notamment le décès de Louise Michel le 9 janvier, la Fondation du parti socialiste (SFIO) le 23 avril, la naissance de Jean-Paul Sartre philosophe et écrivain français le 21 juin, ou la découverte de la relativité par Albert Einstein le 28 septembre. Pour arriver le 9 décembre, où Aristide Briand fait voter la loi concernant la séparation des Églises et de l'État.

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Le "Comité du 9 décembre 1905" :
Le "Comité du 9 décembre 1905" est une association d’associations.
Il est ouvert à toutes et tous qui se retrouvent dans les valeurs républicaines.
Il s’est constitué il y a un peu plus d’un an dans l’objectif de la célébration et a pour seuls buts « de propager et défendre l'idéal laïque », et « de promouvoir, favoriser et coordonner toutes actions et manifestations permettant de faire connaître la loi de 1905 … " ».


Pour cela, nous avons mis en oeuvre un certain nombre de propositions diverses (7 propositions en tout), et même diversifiées, qui s’adresse à un public différent :
  • Parcours pédagogique
  • Dossier pédagogique
  • Fascicule historique
  • Arbre de la Laïcité (Mairie / Ecole)
  • 4 conférences débat en novembre
  • Projection d’un film avec le Cinémateur
  • Fête de la LAÏCITE


Nous avons volontairement voulu tourner notre action vers la jeunesse car c’est ELLE l’avenir de la Laïcité.
Ces manifestations arrivent à leurs termes et la fête de la Laïcité est en quelque sorte l’aboutissement de nos actions même si elles se poursuivent, en particulier en direction des jeunes car nous nous sommes aperçus que les manuels scolaires sont muets sur la notion de Laïcité.


Le "Comité du 9 décembre 1905" n’a pas en lui même d’étiquette.
Ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas de caractère.
La semaine dernière, un journaliste qui m’interviewait me demandait quel message nous voulions faire passer. Je lui ai simplement répondu, que nous n’avions pas de message à faire passer, que notre objectif, c’était de parler de Laïcité et de faire parler de Laïcité.
Que les messages, c’était la jeunesse qui les faisait passer, beaucoup mieux que nous : Je cite des élèves d’un CE1 : « l’école, c’est apprendre la vie », « Mon école rêvée, elle aurait dans ses classes tous les enfants du monde », et ceux d’un CM1 : « la Laïcité, c’est la liberté », « La laïcité c’est un mot qui fait se respecter et c’est ça le meilleur »...


Pour le "Comité du 9 décembre 1905", la laïcité nous permet de vivre ensemble, c’est un principe d’organisation de l’Etat qui vise à construire un monde commun où chacun doit pouvoir trouver un sens à sa vie et réaliser les idéaux républicains de liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité.
C’EST UN ART DU VIVRE ENSEMBLE !


Nous estimons, qu’après les évènements qui ont secoués les quartiers les plus défavorisés de nos villes, il est temps que les dirigeants politiques et les responsables des services de l’Etat de ce département se souviennent que la laïcité est un art du vivre ensemble, et qu’elle est fondée sur la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience, et la solidarité. A ce titre, la Laïcité doit être partie intégrante de l’enseignement et de l’éducation dans les établissements scolaires, et nous pensons qu’il est du devoir des institutions départementales de l’encourager.


Afin que cette demande ne reste pas sans réponse, comme beaucoup d’autre, je proposerais que cette "Fête de la Laïcité" soit la première d’une journée annuelle consacrée – le terme à son importance - à la LAÏCITE et à l’ART DU VIVRE ENSEMBLE autour du 9 décembre de chaque année.

Au cours de cette "Fête annuelle de la Laïcité", nous pourrons alors examiner les avancées dans ce domaine, et interpeller si nécessaire les dirigeants politiques et les responsables des services de l’Etat de ce département, afin de ne pas les laisser s’endormir sur nos valeurs républicaines.

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En guise de conclusion, je voudrais citer Jérôme LALANDE, qui comme vous le savez était un de nos concitoyens et fut un ardent défenseur le la liberté de pensée au début du 19ème.


« Si nous devons désirer, si nous devons espérer la perfection de l’espèce humaine, il est de notre devoir de déposer le germe des Lumières pour un temps plus heureux. La religion est nécessaire aux enfants, mais ils grandiront. Elle est utile pour consoler les faibles ; tâchons de leur donner de la force. Mais quelle folie de conclure qu’elle est vraie parce que les hommes sont dans l’enfance. »

Jérôme LALANDE (1803).

Il est maintenant midi passe, il est temps de se mettre au travail.
Je vous invite, dans les locaux de la commune de St Denis les Bourg qui nous reçoit aujourd’hui, à prendre le verre de l’amitié, et je vous souhaite de passer une agréable journée, chaleureuse, conviviale et fraternelle.

Merci.
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